Sauvons l'hôpital public de Marseille !

Monsieur le Premier Ministre, Monsieur le Ministre des Solidarités et de la Santé,

En cette période terrible, les familles pleurent leurs disparus et nous partageons leur peine. Nous savons l’anxiété que provoque la peur de la maladie. Nous savons la très grande difficulté du confinement. Nous connaissons les inquiétudes de cette économie à l’arrêt.

Voici quelques-unes des conséquences dramatiques de cette épidémie qui n’a pas de frontière et se propage parce que nous partageons les mêmes écoles, les mêmes commerces, les mêmes lieux pour travailler, nous déplacer, se divertir.

Dès à présent, il est de notre devoir de préparer notre pays à affronter des crises dans le futur, éviter que cette période ne se renouvelle.

Pour cela, nous ne devons plus avoir la crainte que l’hôpital public soit débordé par le nombre trop important de patients. Le gouvernement doit lui donner les moyens et Marseille, 2ème ville de France, doit et peut avoir un rôle central dans la préparation de notre système de santé publique.

Nos concitoyens constatent, en temps de crise, le quotidien de nos soignants. Le manque de lits, de protections sanitaires, de moyens, le manque de personnel aussi. L’AP-HM est un fleuron de la santé française et les plans de restructuration se sont succédés ces dernières années.

Bien sûr, des bâtiments ont été rénovés, certains ont même été créés : mais le plus souvent il s’agissait de restructurations, créant de nouvelles inégalités entre les établissements d’un bout à l’autre de la ville. Les hôpitaux Sud de Marseille ont été quasiment désossés, la fermeture de Salvator est toujours programmée et l’hôpital Nord, pourtant situé au cœur d’un territoire déshérité, voit ses services se fermer et n’est pas desservi.

En 2018, la suppression de 200 lits était annoncée au profit de l’ambulatoire. Avec une médecine de ville de plus en plus insuffisante, le suivi est rendu difficile. Les équipes sont à flux tendu et le manque de soignants se fait ressentir. Il devient impératif de penser à un grand plan de recrutement.

Toutes ces causes ont des conséquences dramatiques aujourd’hui, que seul l’engagement de notre personnel arrive à palier : mais pour combien de temps ? Quel sera le contrecoup ?

Monsieur le Premier ministre, Monsieur le ministre des Solidarités et de la Santé, engagez-vous au plus vite à mettre fin aux coupes de l’AP-HM, annulez la dette pour mettre fin aux fermetures de services, et permettre à nouveau à l’AP-HM de répondre à ses missions dans de bonnes conditions. Dans le monde d’après, celui que vous allez dévoiler dans les semaines qui viennent, la gestion de nos hôpitaux publics ne doit plus répondre à une logique de rentabilité. Ils sont un service public, plus que jamais nous en avons besoin, ouvert à tous.

Nous vous demandons un plan de sauvegarde, un plan de développement volontariste de l’AP-HM. Ce plan doit être entériné dès le prochain budget, dans le projet de loi de finance de la sécurité sociale, en décembre prochain au plus tard.

Ensemble, assurons notre personnel soignant de notre soutien.
Rien ne sera plus jamais comme avant.